Les Toiles Héroïques Forum

Ce sujet dans le but de partager ses observations/(sur)interprétations concernant les deux films The Amazing Spider-Man que ce soit niveau réalisation, écriture, personnages, rôle dans la filmographie de l'équipe...

Cette duologie ayant pour elle d'être assez riche à analyser, ce topic pourrait être l'occasion d'en parler de manière plus précise et d'en découvrir quelques détails potentiellement intéressants (diviser le tout par thèmes en particulier serait pratique).

Pour commencer par quelque-chose, une compilation de "plans incroyables" comme aperçu de ce que valent les films graphiquement:



La sélection est bien sûr subjective et certains plans un minimum soignés peuvent manquer à l'appel*, mais intéressant de constater qu’esthétiquement, les films ne doivent pas tout à la seconde équipe ou aux responsables des effets spéciaux.

*Par exemple:

Dans les récurrences notables propres aux deux films, il y a tout un concept autour de la représentation photographique: La plupart des rôles de The Amazing Spider-Man sont présentés au spectateur par une photo, que ce soit les parents de Peter (cadre dans le couloir), Gwen (photo de classe), le Dr Connors (coupure de presse), Norman Osborn (hologramme), tandis pour tante May et oncle Ben c'est leur dernière apparition dans ce premier film qui se fait via ce support (affiché au-dessus du bureau de Peter).

Plus globalement, la majorité des personnages de la duologie ont droit à leur image à un moment ou à un autre, mais l'idée gagne en épaisseur lorsqu'elle sert de marqueur dans l'évolution du couple Gwen/Peter:

-Première apparition de Gwen, avant que Peter ne referme la vitrine:

-Peter la rencontre en vrai, mais à travers l'objectif d'un appareil:

-Dans la chambre, via son PC:

-Au début du deuxième film, il apparait sur un selfie avec elle:

-Et quand le couple se retrouve en live, c'est désormais lui qui a le droit de poser avec la jeune femme qu'il voyait derrière une vitre au début du premier film:
(A noter le pont en arrière plan, comme un mauvais présage quant au sort de Gwen pour les connaisseurs).

-Pour la dernière apparition de Gwen à l'écran, toujours dans la chambre, mais plus sur l'écran d'ordi:

Bien amené en terme de symbolique et narration visuelle pour une œuvre ayant un héros passionné par la photo.

Oh bien vu ! J'avais jamais fait attention à cette symbolique là !

Merci!

Les films proposent 3-4 autres idées de ce style. Au bahut par exemple, les premières apparitions de Flash:

La séquence du bizutage pose d'entrée de jeu la dynamique du couple dans une confrontation, Gwen n'hésitant pas à intervenir comme elle le peut, ce que l'on retrouvera dans la plupart des scènes d'action dans lesquelles elle est présente.

Pareil pour le basket, tout est déjà là: Peter qui retourne contre Flash un ballon pour le battre sur son terrain, c'est ce qui arrivera au Lézard sur le toit d'Oscorp puis Electro dans la centrale: Vaincus par leurs propres "armes" à domicile.

Dans cet ordre d'idées, The Amazing Spider-Man 2 prend le soin de faire apparaitre, d'une façon ou d'une autre, Gwen dans toutes les scènes d'action et de façon graduelle (comme pour le jeu sur les photos) allant de l'appel téléphonique au cœur du combat.






De mémoire, c'est l'un des rares cas où une héroïne (sans super-pouvoirs ou surentrainée) se voit autant impliquer dans des séquences de ce type pour un film de super-héros (en particulier pour d'autres occasions qu'un kidnapping). Si d'autres exemples de ce style, curieux de les connaitre.

Là tout de suite je n'ai pas trop le temps et pas grand chose à développer, mais je tenais à dire que j'adore ce topic !

Merci bien, tant mieux si ce décorticage intéresse! Ne pas hésiter à proposer des pistes ou des éléments précis à développer, il y a largement de quoi faire.

Après, il y a des trucs qui peuvent relever de la coïncidence, par exemple le réveil explosé:



Ou ce plan avec un coucou vintage accroché au mur:



Pas sûr que ce soit autant calculé, mais plutôt marrant pour une duologie dont le climax implique la destruction d'une horloge à l'ancienne.

Pour parler des super-pouvoirs et de leurs exploitations, Marc Webb a quelques-fois cité Buster Keaton comme inspiration pour les phases les plus humoristiques. Ce qui se traduit à l'écran par des séquences telles que le réveil dans le métro:
Ou la diversion chez Oscorp (à 2min 20):

Le reste des films étant agrémentés de gags visuels du style...

...qui ne laissent que peu de place au doute quant à la source:

En bonus, un montage fait par un fan pour donner une idée de ce qu'aurait pu donner la séquence si elle était resté à sa place initiale dans le récit:

Andrew Garfield de son côté évoquait également Bugs Bunny (sympa pour un héros Columbia de piocher chez Warner!), ce qui peut se vérifier lors de la course-poursuite évoquée plus haut avec Aleksei dans le rôle d'Elmer: Même coupe de cheveux, même gâchette facile (avec l'arme qui s'enraye d'ailleurs), même nervosité, même sort...


Voilà ce que ça donne lorsque le slapstick des années 20/40 s'invite dans des superproductions des 2010's!

Concernant le traitement de Curt Connors et son animality dans The Amazing Spider-Man, quelques points:

-C'est le personnage du premier film ayant le plus souffert des séquences coupées, que ce soit sous sa forme mutante (la fin de l'arc avec le Dr Ratha) ou en civil (plus de famille dans le montage ciné).

-Pour sa première apparition en entier après mutation, il est filmé en plongée du haut du pont, un peu comme un humain percevrait un lézard ordinaire:
(Une façon de démontrer le dédain que peut lui porter Peter avant de réaliser la menace ?)

-Les trois confrontations entre lui et Spider-Man se font tout en verticalité, des bas fonds aux hauteurs de NY, en exploitant un endroit associé à l'un des personnages: Égouts (terrain du Lézard), lycée (terrain de Peter), toit d'Oscorp (lieu de création à la fois du Lézard et de Spider-Man).

-Il rattrape Peter à un bras ,avant que ce dernier commence à se désagréger, l'amenant à tendre son bras humain. Symbolique.

-Dans les métaphores possible avec ce personnage, celle de l'addiction: Se sentir bien et puissant après une piquouse pour finir par ramper à poil tout minable dans les égouts quand le produit ne fait plus effet. Ajouté à ça les marques sur la peau et le besoin d'augmenter la dose pour que l'expérience dure plus longtemps et le rapprochement peut se faire.

Malgré les coupes, tout ça témoigne d'une volonté de soigner le personnage assez bienvenue, en plus d'un détail qui prend une nouvelle dimension aujourd'hui lorsque Curt Connors explique le fonctionnement de la machine Ganali à Peter (la vaporisation d'un antidote) et l'échec de son exploitation due à des interrogations telles que "et si les gens ne veulent pas d'un remède ?"... Ce qui pouvait relever du fictionnel en 2012 l'est un peu moins désormais.

Petite astuce du jour pour reconnaitre une réalisation Marc Webb:












Un certain intérêt pour les cadrages de profil apparemment. Au point d'ailleurs où toute la dynamique du duo principal puisse être résumé en ces quelques plans:

Dans les récurrences, l'utilisation du reflet/miroir chez le héros et les antagonistes:

Concernant Max Dillon/Electro pour TASM2, quelques détails divers:

-Des séquences dont il est le personnage central comportent, en ouverture, un plan d'une lampe/ampoule s'allumant. Coïncidence ou idée lumineuse, on ne sait pas.

-Un choix de narration spécifique est fait pour amorcer le combat sur Times Square en proposant de suivre en parallèle la journée de Peter et de Max du matin jusqu'à leur rencontre:




Du "splice of life" qui s'inscrit bien dans la continuité du travail de Marc Webb.

-Pour la rencontre entre Gwen et Max, la réalisateur propose un remake d'une scène de (500) Jours ensemble

Ce qui donne en mouvement:
L'ascenseur sur le lieu de travail, la carte d'anniversaire (Tom rédige des cartes de vœux), l'arrivée et le départ de Gwen/Summer, le point commun évoqué (Spider-Man d'un côté The Smith de l'autre)... Un hommage ludique.

Petite observation sur l'utilisation (consciente ou non) des pouvoirs de Peter dans son quotidien:










Une manière, propre à cette version du personnage, de marquer son côté "mutant" dans des séquences n'étant pas principalement dédiés à ça.

Sur la 6ème, tout le monde peut enjamber une barrière quand même.

Hé hé.

Remis dans le contexte, cela apporte une dimension instinctive à un personnage ayant tellement l'habitude de longer des rebords ou enjamber des rambardes que cela peut même survenir en cours de conversation.



Une succession de séquences amenant son lot de symbolique et narration visuelle: Harry surplombant la scène du haut de son escalier (et dont le visage s'éclaire dès qu'il, littéralement, "redescend d'une marche"), la ballade des deux anciens amis retrouvant un semblant de complicité via des idées comme la glissade sur la rampe ou les ricochets, l'évocation de Gwen arrivant pile avec le pont en arrière-plan...

Ah oui, bien entendu, mis à part l'utilisation de ses pouvoirs en contexte, il y a tout à fait un rapport d'attitude. Et tes précisions suivantes sont également pertinentes.

Restore the Release a écrit:Malgré les coupes, tout ça témoigne d'une volonté de soigner le personnage assez bienvenue, en plus d'un détail qui prend une nouvelle dimension aujourd'hui lorsque Curt Connors explique le fonctionnement de la machine Ganali à Peter (la vaporisation d'un antidote) et l'échec de son exploitation due à des interrogations telles que "et si les gens ne veulent pas d'un remède ?"... Ce qui pouvait relever du fictionnel en 2012 l'est un peu moins désormais.

Dans cet ordre d'idées, deux coïncidences malheureusement d'actualité en rapport aux antagonistes de The Amazing Spider-Man 2:

Le dernier acte du film, avec Electro qui provoque l'anarchie en ville en coupant le jus, peut renvoyer aux inquiétudes récentes concernant les ruptures d'électricité tandis que la toute fin montre un Spider-Man esquivant les tirs de roquette d'Aleksei/Rhino...

Avec ce choix de personnages, la duologie parle finalement plus du début des années 2020 que l'on ne pouvait l'anticiper.

Rétrospectivement droles de coincidences en effet entre les problèmes d'énergie et la guerre Russie/Ukraine en effet